Susana et sa recherche d’une vie « normale »
Susana est une transexuelle colombienne de 44 ans, elle aime l’art et rêve de devenir styliste. A Paris depuis 12 ans elle cherche une vie « normale », pour elle rien de plus qu’un travail, un lieu décent où vivre et une vie sociale.
Mais pour Susana tout cela n’est pas aussi facile.
Ce n’est qu’un exemple parmi mille, mais Susana porte officiellement ce prénom tout en étant encore, sur ses papiers, de sexe masculin. Une situation ubuesque qui rend sa vie de tous les jours particulièrement difficile. Aller chercher un paquet à la poste, voter, donner son numéro de sécurité sociale à une administration… Ces actes en apparence anodins deviennent violemment impudiques puisqu’ils révèlent à tous son intimité.
Ensuite on associe très souvent transsexualisme et prostitution. Susana raconte comment elle doit, tous les jours, affronter la grossièreté d’inconnus qui lui font des avances sexuelles. « Je ne supporte pas tous ces hommes qui se permettent de m’aborder, de me proposer une passe… Ils croient que parce que je fais 1m80 et que j’ai un chemisier un peu moulant, je suis forcément une pute. » Bien sûr, il existe beaucoup de transsexuelles prostituées. Susana en compte d’ailleurs plusieurs parmi ses amies. Ça a été, pendant longtemps, l’un des moyens les plus rapides de gagner suffisamment d’argent pour payer les frais d’une opération. Et cela semble malheureusement à certaines l’une des dernières options quand aucun employeur n’accepte de les engager parce qu’elles s’appellent officiellement Roger ou Jacques mais qu’elles portent des escarpins et des bijoux.
En 2016 Susana a subi une vaginoplastie qu’attendait depuis longtemps, ce qu’il a lui permis d’adapter son corps biologique à son identité de genre féminin. Six mois après elle a trouvé du travail dans une association de soins d’aides à domicile.